Francis Dolarhyde est mal parti dans la vie. Né sans palais, avec un bec de lièvre et les dents de travers, il est rejeté par sa mère dès le troisième jour à la maternité. Sa grand-mère, avec une tête de George Washington du billet de 1 dollar, joue les mamans de remplacement. Un tel handicap ne se remonte pas, il s’expie.
Arrivé à la quarantaine, Francis est employé par une entreprise qui développe les films de vacances – nous sommes dans les années 1970, bien avant le numérique. En dehors du boulot, Francis se sculpte un corps d’athlète, se paie un dentier qui lui donne l’air à peu près présentable. Et prépare sa vengeance en voulant devenir…un dragon.
Parce que sa mère est partie refaire sa vie avec un gros riche qui lui a fait trois enfants, Francis repère des familles de ce type via les films amateurs qu’on lui envoie. Avec une mise en scène particulièrement gore, il trucide deux familles au complet pour nourrir le dragon qui est en lui. La police et le FBI lancent alors Will Graham à ses trousses. Ce spécialiste des tueurs en série est aussi malade qu’eux, malgré sa vie rangée.
Graham, il faut bien le dire, patauge au début de l’enquête. Pour trouver des indices, il consulte Hannibal Lecter, tueur en série interné sous très haute surveillance. Il parvient juste à mettre sa propre famille en danger. Pendant que Francis tombe amoureux d’une non-voyante (évidemment avec sa tête…), Graham parvient enfin à connecter les bons synapses. Deux ou trois meurtres plus tard, l’histoire se termine après un ultime retournement. Bien ficelé et efficace, l’intrigue tient le lecteur en haleine et ménage ses effets de surprise.
Red dragon, paru en 1981, est la première des trois apparitions d’Hannibal Lecter, avant The silence of the lambs (Le silence des agneaux), paru en 1988, et Hannibal paru en 1999.
Francis Dolarhyde est inspiré par une aquarelle peinte aux environs de 1805 par William Blake The great red dragon and the woman clothed with the sun, propriété du Brooklyn Museum de New York.
Red dragon, Thomas HARRIS
Edité par Arrow Books, London, 1993, 319 pages.
20 ans dans la pile d’attente.