Littérature francophone

Festival despote

L’espèce des dictateurs compte plusieurs spécimens venant de pays africains. Dans ces pages, l’Ivoirien Houphouët, le Centrafricain Bokassa, le Zaïrois Mobutu ou le Marocain Hassan II sont évoqués sous leur totem animal. Construit sur le mode des veillées où les griots content les légendes des détenteurs de IMG_3088pouvoir, le fil conducteur est représenté par Koyaga, un dictateur bénéficiant d’une baraka lui permettant de déjouer toutes les tentatives d’assassinats et de coups d’état ourdies à son encontre. Tirant force de ses pouvoirs animistes, Koyaga écarte impitoyablement le moindre élément ou la moindre personne qui se met en travers de sa route. Si il s’agit d’un homme celui-ci est régulièrement tué avant ou après avoir été soigneusement émasculé.

Kourouma manie l’humour grinçant et le comique acide pour décrire les fastes ridicules, l’obséquiosité coupable des tristes sbires, ou encore l’attitude plutôt moutonnière de la population. Il met crûment en lumière les relations assassines entre les dictatures et les puissances internationales comme la France et les Etats – Unis. Bref tout le monde prend une volée de bois vert y compris la démocratie, qui, comme l’herbe sous les pattes des éléphants, se fait méchamment piétiner.

Ahmadou Kourouma, décédé en décembre 2003, pourfend dans ce livre les abus de pouvoirs et les dictatures. Il en parle ici.

Mobutu Sese Seko, évoqué dans le livre sous son totem léopard, est arrivé au pouvoir via un coup d’État. Il en parle ici.

En attendant le vote des bêtes sauvages, Ahmadou KOUROUMA

Édité par Points, Seuil, Paris, 2000, 381 pages.

16 ans dans la pile d’attente.